Si l’on se rencontrait, et que vous me demandiez quel est mon travail, je vous répondrai que j’ai deux mi-temps.
Si j’étais d’humeur blagueuse et caricaturale, je vous dirai que pour moitié je me bats contre moi, pour moitié contre mes enfants 😉
Avec plus de sérieux, je vous dirai que je suis moitié micro-entrepreneure, moitié maman au foyer, parce que le pourcentage sur lequel je ne travaille pas pour Atelier 24, je le consacre à travailler pour mon foyer.
Je vous dirai que maman au foyer, c’est aussi ma contribution au fonctionnement de la maisonnée.
Contribution technique, financière, contribution en termes de valeurs et de mode de vie.
Je vous raconterai que le chemin a été long pour devenir capable d’affirmer cela. Pour comprendre le sens que cela a pour moi. Pour y voir de la valeur, et pas une négation de moi et de mes projets.
Je vous expliquerai que parent au foyer, c’est un vrai boulot, pas facile à assumer dans la société.
On ne te demande pas « comment ça va, le boulot ? » ;
on est présumé dispo ;
on se sent un peu gêné, d’oser se sentir surmené ;
et bien sûr, on ne cotise pas.
Si on approfondissait la discussion, je vous dirai comme tout cela, au-delà du regard des Autres, faisait aussi partie de mon esprit. Que probablement, mon regard sur la mère au foyer que j’étais (quelques années à plein temps) et suis (à temps partiel, donc) était ambigu. Que je n’étais pas au clair avec mon choix, que j’avais moi-même des jugements. Qu’il m’a fallu du temps pour poser un autre regard sur cela.
Je vous dirai que passer de fonctionnaire à entrepreneure n’a pas été trivial, qu’apprendre à organiser mes journées de travail à la maison m’a demandé beaucoup de temps, que des combats contre moi, j’en ai mené un paquet, et perdu beaucoup. Je vous dirai surtout que, aussi imparfait que soit le résultat, j’ai appris, avancé, et encore appris.
Je vous dirai peut-être aussi comme j’avais et ai encore du mal à trouver quoi répondre quand on me demande, « quoi de neuf ? comment ça va chez toi ? » ; comme si le train-train quotidien était vide de choses à raconter, comme si je ne voyais rien qui soit digne de donner des nouvelles. Alors que si je vous prêtais mes yeux, vous verriez comme mon quotidien et son train-train sont pleins d’aventures en tout genre, de combats gagnés ou perdus, de dragons intérieurs et extérieurs qui ont été apprivoisés, plein de merveilles et d’instants merveilleux, d’apprentissages et de progrès.
Et tout ça, moitié-moitié. Moitié dans l’atelier, moitié au foyer.
P.S. : oui, « entrepreneure« , ça n’existe pas. Mais c’est comme ça que j’ai envie de l’écrire.
P.S. bis : C’est un sujet qui donne matière à discuter 🙂 N’hésitez pas à le faire en commentaire ! Avez-vous vécu/vivez-vous cette situation ? Ou des problèmes similaires dans un autre contexte ? Ou bien vivez-vous l’inverse avec des challenges qui me sont sûrement inconnus ?